La réforme du Lycée concrètement
Ayant un enfant en Troisième qui ira peut-être en Seconde, je me suis rendu à une réunion de présentation de la Seconde organisée par le collège où deux proviseurs de Lycée présentaient leur établissement.
Que reste-t-il de la réforme concrètement, si on se réfère à cette présentation ?
Du système de remise à niveau, plébiscité par les parents comme je le rappelai ici, il ne reste rien. Comme l’ont expliqué les proviseurs, ce système n’est absolument pas financé en terme d’heures professeurs et ils n’imaginent pas demander à leur personnel de revenir pendant les vacances. Cette charge sera-t-elle dévolue au privé ? Probablement. L’avenir le dira.
De l’accompagnement personnalisé, deuxième mesure plébiscitée par les parents (ibid.), il reste la portion congrue. Comme l’ont expliqué les proviseurs, seules deux heures hebdomadaires sont allouées à la classe. Les élèves n’auront donc pas tous, comme indiqué dans la présentation de la réforme, 2h hebdomadaire en effectif réduit. Dans l’un des lycées, les deux heures hebdomadaires par classe seront consacrées à l’orientation au premier trimestre, et données ensuite aux mathématiques avec éventuellement un système de groupes assez proche de ma proposition, mais rien n’est encore finalisé. Dans l’autre, une heure est donnée au français, l’autre aux mathématiques, sans projet particulier.
Du tutorat, il ne reste rien : le rectorat ne fournit aucun financement, et si tutorat il devrait y avoir, il serait basé sur du bénévolat des professionnels et aucun de deux proviseurs ne semblait même imaginer qu’un seul professeur serait volontaire pour ce bénévolat. Dans un des deux lycées, un système de tutorat par des élèves post bac est envisagé, mais rien ne semble finalisé.
Que reste-t-il alors ?
La répartition des heures de doublement semble avoir été gérée de façon à ne pas créer de concurrence entre les établissements du bassin, puisque tous les établissements du bassin ont décidé de faire la même ventilation des heures de dédoublement entre les différentes matières, d’après ce qu’on dit les proviseurs (j’ai quelques doutes sur la réalité de cette affirmation, ayant vu les choses de l’intérieur, puisque je suis enseignant dans un de ces Lycées, mais en tout cas, s’il existe des différences, elles ne sont pas mises en avant au cours de cette réunion, et ça c’est plutôt bien, de mon point de vue).
Les enseignements d’exploration, enfin, ont occupé 95% de la réunion, les proviseurs, bien qu’ayant annoncé que ces enseignements ne seront pas déterminants (avec une précision d’importance : ils ne sont pas censés être évalués (=pas de note)), ont incité les parents à bien les choisir car les classes seront composées selon ces enseignements et, en caricaturant, que, si vous voulez que votre enfant soit dans une bonne classe, pardon « dans une classe où les élèves ont une certaine appétence pour l’abstraction », il vaut mieux prendre une dominante scientifique. Les classes de niveau sont donc toujours au programme et les parents présents l’ont bien senti puisque leur principale inquiétude concernait le choix de ces options.
Finalement, le principal argument de la réforme était l’accompagnement des élèves dans leur parcours au Lycée. Dans la pratique, rien n’a changé. Et je ne jette pas la pierre aux proviseurs présents, même s’ils auraient pu profiter de la liberté donnée par la réforme pour innover. Mais, même s’ils l’avaient voulu, ce dont je doute, ils n’auraient pas eu les moyens de mettre en œuvre les ambitions de la réforme, aucune de ces ambitions n’étant financée (pas d’heure pour la remise à niveau, 2h/classe pour l’accompagnement personnalisé, pas d’heure pour le tutorat).
Une réforme ratée ?
Voilà, on peut dire ça.
Et en plus l’échec incombera aux établissements (voire aux enseignants). Comprenez : ils pouvaient en théorie faire ce qu’ils voulaient. Finalement ils n’en ont rien fait : ils sont nuls. Hey ! Pète ton financement !
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Vous risquez de rencontrer d’autre surprises bien désagréables.
Pour ma part, j’ai pu voir dans le lycée de ma progéniture, rentrée en seconde dans le public, après 3 ans dans le privé, un superbe tableau d’affichage dédié uniquement … à lister les professeurs absents.
Ca c’est du changement ; vive le progrès !